La Rauracienne

La Nouvelle Rauracienne

Du lac de Bienne aux portes de la France
L’espoir mûrit dans l’ombre des cités;
De nos cœurs monte un chant de délivrance,
Notre drapeau sur les monts a flotté!
Vous qui veillez au sort de la patrie,
Brisez les fers d’un injuste destin!

Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!

Si l’ennemi de notre indépendance
Dans nos vallons veut imposer sa loi,
Que pour lutter chacun de nous s’élance
Et dans ses rangs jette le désarroi!
D’un peuple libre au sein de l’Helvétie
Notre passé nous montre le chemin.

Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!

Le Ciel fera germer notre semence,
Marchons joyeux, c’est l’heure du Jura!
Demain nos cris, nos chansons et nos danses
Célébreront la fin de nos combats,
Et dans la gloire au matin refleurie
Nous chanterons un hymne souverain.

Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!

La Rauracienne (1830)

La Rauracienne ne date pas du réveil de la lutte pour l’autonomie jurassienne en 1947. Elle est nettement antérieure, et remonte en fait à 1830. Les paroles de Xavier Stockmar, remises au goût du jour par Roland Béguelin dans la Nouvelle Rauracienne, témoignent de l’existence séculaire d’un «esprit jurassien», d’une identité propre, celle d’un peuple qui se veut souverain. En voici le texte original.

Des bords du Tage à ceux de la Baltique,
Entendez-vous le sinistre beffroi?
Voyez-vous fuir de leur demeure antique,
Ces rois saisis de rumeur et d’effroi?
Vous qui veillez au sort de la patrie,
Ah! Détournez l’orage peu lointain.

Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!

Des séducteurs, ennemis de leurs frères,
Ont dit: Formez deux camps sous deux couleurs;
Mais répondez à ces voix étrangères:
Le pays seul fera battre nos coeurs.
De nos aînés, déplorons la folie,
Notre étendard n’est Gaulois ni Germain;

Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!

Loin de nos rangs celui qui n’est sensible
Qu’au souvenir de Vienne ou de Paris!
Pierre-Pertuis; Réfousse et Mont-Terrible,
J’aime à rêver au pied de vos débris;
Vous avez vu la liberté bannie,
Cent fois mourir et renaître soudain;

Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!

Cueillons gaîment les fruits de nos campagnes,
Versez, Biennois, le vin de vos coteaux,
L’indépendance est fille des montagnes,
Pour nos enfants luiront des jours plus beaux.
Sous les drapeaux de la libre Helvétie,
Que d’âge en âge on chante ce refrain:

Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main!